19-11-2019 Wellness

Favoriser l'accessibilité et les activités d'une piscine publique aux personnes handicapées : pas si compliqué !

Koen Van Landeghem, entraîneur Handisport, évoque l'importance d'aller au-delà de la réglementation en vigueur pour permettre à plus de personnes handicapées de se rendre en piscine collective.

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Pour permettre à tous de profiter des bienfaits aquatiques, l'adaptation des infrastructures et des activités proposées aux personnes handicapées est indispensable. Cette réflexion sur l'accessibilité peut cependant être un vrai casse-tête pour les collectivités publiques et privées qui ne savent pas forcément par où commencer. Et si nous jetions un nouveau regard sur cette problématique qui va au-delà de la réglementation en vigueur ? Nous nous sommes entretenus avec Koen Van Landeghem, entraîneur de l'équipe de France Handisport de natation, qui nous a fait part du fruit de ses 30 ans d'expérience dans le milieu du handicap sportif.

Koen Van Landeghem en pleine session

Rendre plus accessible une piscine collective pour les personnes handicapées nécessite de faire preuve de bon sens

Que les collectivités soient rassurées ! Une adaptation des locaux qui n'est pas si complexe à mettre en œuvre : « Les collectivités ont tendance à s'en faire toute une montagne, mais les coûts sont loin d'être exorbitants. Il s'agit surtout de faire preuve de bon sens dans le choix des équipements et dans la sécurisation des lieux. »

Cela passe, par exemple, par l'installation de mains courantes sur les parcours conduisant des vestiaires au bassin, en passant par les douches et sanitaires, et non chromées pour éviter les brûlures dans les saunas et hammam. La cabine de vestiaire spéciale PMR doit être suffisamment spacieuse pour accueillir à la fois le fauteuil de la personne handicapée, le fauteuil de la piscine et son éventuel accompagnateur. Un critère qui, souligne M. Van Landeghem, est rarement pris en compte par les architectes : certes, les m² préconisés sont existants, mais les ouvertures de portes ne permettent pas une manoeuvre ou une circulation aisée !

Le fauteuil roulant spécial piscine est en lui-même un point crucial de l'accessibilité d'un établissement susceptible de recevoir des personnes handicapées. « Aujourd'hui, la plupart des établissements aquatiques en ont un, mais soit il est remisé à un endroit inaccessible, sous clef et donc indisponible rapidement, soit mal entretenu, avec des roues sous gonflées — voire à plat — au moment de l'utiliser. Son choix n’est pas toujours judicieux, avec une structure en textile difficile à désinfecter en cas d’incident, ou encore inadapté à l’usage pour certaines personnes avec des pathologies plus lourdes ou des enfants. » Et pourtant il existe des matériels très performants !

« Enfin, il ne faut pas perdre de vue que ce que l'on adapte aujourd'hui pour les personnes handicapées bénéficiera demain au plus grand nombre ! » précise Koen Van Landeghem. En effet, ces aménagements rendent l'accès des plaisirs aquatiques plus facile et sécurisé pour les seniors, les personnes atteintes d'ALD pour qui il est souvent recommandé de pratiquer des activités physiques et sportives aquatiques adaptées, et plus largement pour toute personne souffrant d'une affection ponctuelle, comme une entorse, un lumbago ou une jambe dans le plâtre !

Finalement, le point de vigilance majeur n'est pas là où l'on pourrait s'y attendre, comme l'explique M. Van Landeghem : « En pratique, il y a surtout de la bobologie qui intervient avant ou après la mise à l'eau. Cela peut arriver aux vestiaires, à la sortie de la douche ou lors d'un transfert dans les toilettes, à cause de revêtements glissants ou encore d'obstacles qui semblent anodins. Pour prendre un exemple très concret, une des personnes que j'entraîne s'est ouvert la peau (fragilisée par une présence prolongée dans l’eau) en s'asseyant sur un banc non adapté (trop étroit), et ne s'en est pas aperçue à cause de son handicap (perte de sensibilité). Elle commençait à faire une hémorragie assez conséquente. Les collectivités doivent s'assurer que tous les risques ont été éliminés avant d'ouvrir leurs portes ! Et pour cela, s’appuyer sur le client témoin ou un expert ! Il saura mieux que quiconque les difficultés auxquelles ces personnes peuvent se trouver confrontées au quotidien, quand bien même tout semble de prime abord parfaitement dans les règles ». Il s'agit donc de fournir une réflexion plus approfondie que la réglementation en vigueur concernant la sécurité d'une piscine collective.

« Enfin, il ne faut pas perdre de vue que ce que l'on adapte aujourd'hui pour les personnes handicapées bénéficiera demain au plus grand nombre ! »

Quelques ajustements à prévoir pour les activités aquatiques

Contrairement à ce que l'on imagine, toute activité aquatique est possible avec des personnes handicapées, la mise à l'eau étant la partie nécessitant le plus de vigilance. « Prenez l'exemple du water-polo », illustre M. Van Landeghem. « Les joueurs ne peuvent être debout, ils pourront donc jouer assis ! C’est la créativité de l’intervenant, de l’éducateur sportif en charge qui permettra l’ouverture à des pratiques qui semblent impossibles. On peut faire plancher des ingénieurs pendant des heures sur un plateau technique ou un nouveau bassin, et c’est indispensable, mais à l’usage et au quotidien c'est souvent le bon sens qui l'emporte et ce n'est pas ce qui est le plus onéreux… »

Ainsi, sur les vélos d'aquabiking, les collectivités peuvent avoir recours à des ancrages pour aider toute personne ayant du mal à positionner ses jambes. L'aquagym reste possible avec des ceintures de flottaison. Tout comme pour les adaptations des locaux, il s'agit d'équipements sportifs (voir quelques idées supplémentaires ici) qui peuvent in fine servir à tous, pour leur plus grand plaisir !

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Les labels, une nouvelle opportunité pour les établissements privés via l'accessibilité des personnes handicapées

Le label « Tourisme & Handicap » (2001) et le label « Destination pour tous » (2013) sont des reconnaissances françaises pour les établissements touristiques répondant aux besoins spécifiques de leurs clients, qu'il s'agisse de handicap auditif, mental, moteur ou visuel.

Comme pour tout autre label, il permet à un établissement adapté d'attirer un nouveau type de clientèle et de développer ainsi son activité.

« Obtenir ce label nécessite de pousser plus loin la réflexion de l'accessibilité et de la sécurité. Les gîtes, par exemple, ont tendance à oublier qu'il ne suffit pas d'installer une rampe d'accès à un chalet ou à un Mobil-home pour en faciliter l'accès. Il faut s'assurer que les dimensions du bâtiment soient adéquates, avec des espaces de circulation adaptés. On peut également choisir de rapprocher ces constructions de la piscine pour limiter les déplacements hasardeux, et bien entendu rendre cette dernière plus accessible et sécurisée pour les personnes handicapées. Quoi qu'il en soit, de telles initiatives s'avèrent payantes et favorisent le développement du tourisme pour cette typologie de clientèle française et étrangère qui est très demandeuse » souligne M. Van Landeghem.

Ainsi, le camping 5 étoiles Saint Hubert (Pas-de-Calais) a opéré de nombreuses transformations pour adapter son établissement aux besoins des personnes handicapées, avec notamment l'achat d'un chariot de mise à l'eau à roues flottantes pour la piscine extérieure et intérieure.

Allez plus loin sur l'accessibilité des PMR dans une piscine 
avec cette interview d'Hexagone Manufacture

Vous désirez profiter d'une rénovation de votre bassin pour favoriser l'accessibilité de votre piscine aux personnes handicapées ? Suivez notre guide sur la communication à mettre en place !

Nous remercions Koen Van Landeghem pour le partage de son expertise.


© Crédit photos : Grégory Picout 

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